Les parabènes : Danger ou pas ?

Utilisés depuis la nuit des temps dans l’industrie cosmétique, les parabènes font régulièrement parler d’eux dans l'actualité du aux polémiques les concernant. Les formulateurs cosmétiques s'efforcent de ne plus en faire entrer dans la composition des produits de beauté, alors qu’ils constituent un atout majeur dans la conservation de produits.

Qu'est-ce que les parabènes ?

Les parabènes sont une famille d’ingrédients différents par leurs structures chimiques (la longueur de leur chaine alkyle : ^^ longueur de la chaine carbonée…). Ce sont majoritairement des agents conservateurs de synthèse (Ester résultant de la condensation entre l’acide parahydroxybenzoïque + alcool) utilisés depuis 1920 environ pour la conservation des produits cosmétiques, mais aussi pour la conservation des produits alimentaires (additifs alimentaire de la série 210) et des produits pharmaceutiques. Ils ont une action antimicrobienne, antifongique, antiseptique et anti-moisissure.

Cependant, les parabènes existent également à l’état naturel dans nombre de nos aliments, comme les fruits rouges, oignons, carottes, et bien d’autres.

Sans conservateurs, de nombreux produits se détériorent très vite et atteignent leur date d’expiration rapidement, avant même d’être ouverts. Si les produits sont contaminés, ils sont moins efficaces et peuvent provoquer des maladies du au développement de micro-organismes. Les parabènes évitent que les produits ne se dégradent en tuant les micro-organismes et cela de manière très efficace.

Malgré leurs hautes efficacités, à ce jour les parabènes sont des conservateurs controversés. La mention « sans paraben » est devenue un argument marketing employé par de nombreuses marques.

Pourquoi cette polémique ?

La polémique concernant ces conservateurs débuta en 2004, suite à la publication d’une étude britannique posant la question d’une relation entre l’utilisation quotidienne d’un déodorant et le cancer du sein (Concentrations of parabens in human breast tumours) par Philippa Darbre, biologiste moléculaire. Amplement médiatisées, ses conclusions associaient que les parabènes pouvaient être la cause d’un cancer du sein. Le lien de cause à effet entre la présence de parabènes et le développement du cancer du sein n’était donc pas démontré. De ce fait, cette étude a été par la suite désavouée et controversée.

Les parabènes avec leur cycle aromatique sont suspectés d’agir comme des analogues d’œstrogènes. Ils sont accusés de s’accumuler dans le corps humain, de dérégler le système hormonal, de causer des cancers et de réduire nos capacités de reproduction de ce fait, d’être un perturbateur endocrinien (pas de définition harmonisée, ni de critère à date, mais c’est une substance chimique d’origine naturelle ou artificielle étrangère à l’organisme.

Ils peuvent interférer avec le fonctionnement du système endocrinien et induire des effets néfastes sur l’organisme d’un individu ou sur la descendance en raison de modifications affectant le fonctionnement du code génétique).

Il faut savoir que les parabènes ont une activité endocrinienne et une toxicité qui vont de pair avec la longueur de leur chaîne alkyle et sa structure. Plus celle-ci est longue, plus le parabène est potentiellement dangereux. Ainsi, les Methylparaben et Ethylparaben ont été considérés comme sûrs d'emploi par l'ANSM et par le CSSC (Comité d'experts scientifiques européen) alors que des doutes planent sur les parabènes à plus longues chaînes.

Suite à ces inquiétudes, les agences européennes ont demandé des études complémentaires pour évaluer sa dangerosité et en 2013 le CSSC recommande de fortement restreindre l'utilisation des parabènes et de poursuivre leur utilisation dans les cosmétiques car ils présentent une très bonne efficacité de conservation et sont difficilement remplaçables. Cependant les parabènes à chaine longue comme l’isobutylparaben, l’isopropylparaben, Benzylparaben, Phenylparaben et le Pentylparaben sont quant à eux totalement interdit d’utilisation en cosmétique depuis 2014 du fait du manque de données pour évaluer leur sécurité d'emploi.

Les parabènes les plus courants dans l’industrie cosmétique sont au nombre de 4 : le Methylparaben, l’Ethylparaben, le Propylparaben et le Butylparaben ainsi que leur sel de sodium/potassium inscrits en annexe V du règlement cosmétique européen 1223/2009 dont le taux d’utilisation est encadré :

• Concernant le Propylparaben et le Butylparaben et leurs sels, si présents dans un même produit cosmétique, la somme des concentrations individuelles ne doit pas dépasser 0,14 % (en acide)

• Pour les autres, quand ils sont utilisés seuls, sont limités à 0,4 % (en acide). En cas de mélange de plusieurs d'entre eux, la concentration maximale autorisée en parabènes dans le produit est fixée à 0,8 % (en acide).

• Les parabènes sont interdits dans les produits non rincés destinés à être appliqués sur la zone du siège des enfants de moins de trois ans

Cependant, l’apport en parabènes dans l’organisme humain est quasi nul concernant les cosmétiques car :

• Le taux d’utilisation (raisonnablement prévisible) dans un produit cosmétique est calculé et encadré pour ne pas nuire à la santé humaine

• Les produits cosmétiques ne sont pas ingérés

• Leur bioaccumulation que ce soit dans l’organisme humain ou dans l’environnement est nulle ou négligeable en condition d’emploi réglementaire (sauf si tu vides un flacon de déo par jour...)

Il faut savoir que l’allégation du « sans » tend à être interdite par la réglementation cosmétique car revendiquer un « sans paraben » vient à dénigrer un groupe d’ingrédients alors que les parabènes ne sont pas tous dangereux. Certains sont autorisés en cosmétique, réglementés et jugés sûres d’usage par la majorité de l’opinion scientifique tandis que d’autres, les dangereux avérés sont maintenant interdits d’usage. Cela montre qu’une famille de molécules n’a pas la même dangerosité et qu’il faut s’intéresser à chaque molécule séparément.

Par quoi remplacer les parabènes ?

La substitution des parabènes qui ont mauvaise presse à l’égard du consommateur dans les produits cosmétique reste encore très difficiles, d’autant plus qu’aujourd’hui presque tous les conservateurs listés en cosmétique [1] ont été mis dans le même sac et jugés à tort. C’est assez dommage de vouloir exclure un ingrédient au bénéfice/risque satisfaisant, par un autre potentiellement porteur de danger réellement avéré tel que des allergies qui peuvent causer un handicap au quotidien sur l’individu.

Pour vous donner un exemple, nous allons vous parler de deux conservateurs qui sont venus, fut un temps, remplacer en masse les parabènes : Methylisothiazolinone (MIT) et Methylchloroisothiazolinone (MCIT).

Ces deux derniers, se sont avérés (avis scientifiques) très allergisants et sont maintenant complétement interdits d’utilisation en cosmétique dans les produits non rincés et autorisés à 0,0015 % dans les produits rincés (combinaison des deux (MIT+MCIT ratio 1/3 pour MCIT) ou MIT seul). La morale est que nous avions remplacé des conservateurs faussement décriés par deux autres vraiment allergisants…

De nombreuses autres techniques sont développées afin de pallier l’absence d’utilisation des parabènes, telles que l’utilisation de flacon airless, la réduction de la taille des gouttes d’eau afin de réduire la prolifération microbienne.

Une chose est sûre, rien ne vaut l’utilisation de parabènes … offrant aux consommateurs des produits longue conservation sans risque de prolifération de germes toxiques contrairement à d’autre alternatives diminuant fortement la période de conservation.

Les parabènes, danger ou pas ?

La réponse est NON ! Ça vous étonne ?

C’est vrai qu’au cours d’essais en laboratoire, de nombreux ingrédients différents ont eu un effet similaire sur les hormones. On retrouve ces effets pour les parabènes, mais aussi pour le soja et d’autres produits alimentaires. Cela ne signifie pas que l’utilisation de produits cosmétiques ont un effet sur les hormones. Les conservateurs utilisés en cosmétique sont bien encadrés par la réglementation cosmétique pour ce qui concerne le taux, les mélanges à éviter, la fréquence et les conditions afin d’assurer une utilisation sûre.

De plus, de nombreuses études révèlent que tous les parabènes absorbés par notre corps se décomposent rapidement et sont généralement bien tolérés. Bien sûr comme tous les ingrédients, ils peuvent déclencher des allergies dans des cas très isolés mais très rares ; tout comme on peut développer une allergie aux fraises ou aux arachides (ça serait bête d’interdire les fraises pour tous le monde…).

La Commission européenne et ses comités scientifiques ainsi que la commission indépendante américaine d’évaluation, la Cosmetic Ingredient Review (CIR), ont confirmé à plusieurs reprises que les parabènes ne présentent aucun risque pour notre santé. (Lien vers l’étude de la Commission européenne, lien vers l’étude de la CIR, lien vers l’US Food and Drug Administration).

En conclusion, les parabènes sont des conservateurs sans danger et tolérables, qui jouent un rôle important dans la conservation des cosmétiques.

1 En cosmétique il existe une liste de conservateurs réglementés et listés en annexe V du Règlement CE 1223/2009, de ce fait un formulateur n’a d’autre choix que d’utiliser les conservateurs figurants sur cette liste.