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  • Les Cosméticuleuses

DECRYPTER NOS COSMETIQUES VIA LES APPLICATIONS MOBILES, RASSURANT OU ANGOISSANT ?

De plus en plus angoissé par les scandales sanitaires, le consommateur a développé un besoin de transparence vis-à-vis de ce qu’il consomme au quotidien. Depuis 2016, des applications mobiles répondent à ce besoin (YuKa, INCI Beauty, Clean Beauty, CosmEthics...). Depuis quelques mois, les consommateurs sont de plus en plus nombreux à adopter ces applications. La mode du scan s’étend dans les rayons cosmétiques et alimentaires. C’est donc Smartphone à la main que le consommateur a pris l’habitude de faire ses courses et notamment de choisir ses cosmétiques.



Quel est le principe de ces applications ?


Ces applications utilisent un système de scan, soit de code barre, soit de liste d’ingrédients pour noter le produit en fonction des ingrédients qui le composent. Et chaque application dispose de sa propre base de données ainsi que de sa propre appréciation pouvant prendre la forme d’une note/score ou d’un code couleur… v’là le début des problèmes…




  • Système du code barre : il faut savoir que ce code n’a pas la vocation d’identifier les produits mais constitue la base de contrôle du flux des marchandises, du fabricant jusqu’au distributeur final. Ce qui veut dire que si une formule vient à évoluer pour un produit (changement d’ingrédients par exemple), le code barre lui restera inchangé et conduit donc à une analyse faussée via l’application qui n’aura pas eu les informations en temps voulu pour effectuer la mise à jour dans sa base de données.

  • Système de reconnaissance graphique : par ce système, on peut scanner la liste des ingrédients afin de les identifier et recueillir des informations sur chaque ingrédient de la formule. Sauf que parfois le produit a une taille et/ou une forme qui ne permettent pas le scan de la liste des ingrédients.

Si l’application ne reconnait, ni le code barre, ni la liste d’ingrédients ? Cela veut tout simplement dire que l’information n’est pas disponible dans la base de données de l’application… Panique à bord !!! Que doit faire l’addict au scan dans ce cas-là ? Au secours !!!


Quelles sources de données ? Fondées ou non ?


Chaque application dispose de sa propre base de données, donc des sources et méthodes d’analyses différentes voire contradictoires entre chaque application.

Nous avons remarqué que pour un même ingrédient, les applications peuvent parfois (voire de plus en plus souvent) se contredire sur le risque attribué. Cela résulte du fait que ces applications utilisent des sources variables et non fondées scientifiquement pour la plupart.


  • Ces applications s’appuient sur diverses sources pour construire leurs argumentations, des sources scientifiques et non scientifiques confondues (ce qu'on appelle des rumeurs de couloir…) ce qui donne un cocktail douteux.

  • Certaines applications choisissent de construire leur propre base de données à partir de produits ajoutés par les consommateurs. Des équipes en interne se chargent de la saisie et contrôle des informations.

  • D’autre quant à elles se réfèrent à des bases participatives qui rassemblent des informations et données sur les produits à travers le monde dont le consommateur contribue en saisissant lui-même la liste des ingrédients ou en envoyant des photos du pack… Cependant, ces bases sont ouvertes et modifiables par tous, sans contrôle et sans vérification elles comportent des erreurs factuelles.

  • De plus, chaque zone géographique a sa propre réglementation, culture, croyance médiatique, et pour le coup des problématiques différentes entre les zones : par exemple une application développée aux USA menant une traque contre les parfums n’aura pas la même cible que l’application française qui, elle, traque les parabènes.

D’une application à l’autre on peut avoir des contradictions dues au fait qu’elles n’utilisent pas toutes les mêmes notions d’analyse. Je m’explique en m’appuyant sur deux exemples parmi tant d’autres :


  • Un produit contenant de l’EDTA dans sa liste d’ingrédients peut être jugé comme dangereux et récolter un score très médiocre alors que sur une autre application, le produit sera jugé comme bon et récoltera une très bonne note. Rappelons que l’EDTA est décrié partout car suspecté de nuire à l’environnement (ici encore on assiste à des bruits de couloir). Laissons-le tranquille cet EDTA !!! On voit donc clairement dans cet exemple deux faux pas des applications : d’une part, que certaines applications ne se préoccupent pas de l’aspect écologique … et d’autre part, que d’autres dénigrent un produit en ne se basant sur une fausse rumeur, du moins non avérée.


  • Un produit contenant du CETRIMONIUM BROMIDE (risque allergie de contact, irritation) utilisé en cosmétique (en tant que antimicrobien, émulsifiant, conservateur…) n’aura pas le même statut de « dangerosité » si cette substance est utilisée dans un produit rincé ou non rincé. Il faut donc étudier chaque ingrédient dans son contexte et un produit cosmétique ne se limite pas à une liste d’ingrédients, c’est beaucoup plus complexe, il faut prendre en considération le taux de concentration et les interactions qu’il peut y avoir avec d’autres ingrédients ainsi que son usage final ; comme dans cet exemple.



Comme vous pouvez le constater, ces applications ne s’appuient pas toutes sur des données scientifiques fondées. Mais plutôt sur des alimentations médiatiques, des sources diverses et variées et des analyses n’englobant pas toutes les notions nécessaires à l’étude de risque d’un produit cosmétique. Cela devient vite angoissant, ces applications surfent sur des peurs et croyances collectives en diabolisant certains ingrédients.

Des ingrédients sont mis en cause pour des effets variés : irritation, perturbateur endocrinien, cancérogène, mais certains de ces effets ne sont réels qu’à des doses importantes ou que pour certains consommateurs. D’autres sont des allégations non fondées scientifiquement. Les applications confondent très souvent les notions de risque et de danger et ces deux notions sont très différentes, l’équation à retenir est la suivante :


RISQUE = DANGER x EXPOSITION


En clair, le danger est le profil toxique d’une substance, défini par la relation dose/effet, modulé par son caractère d’utilisation. Alors que le risque est la réalité du danger tenant compte de l’exposition (usage final). L’effet d’un ingrédient dans un produit cosmétique dépend de la quantité de produit appliquée, de sa concentration dans le produit et son passage transcutané (exposition). C’est donc le dosage réel d’un ingrédient qui détermine le critère risque pour la santé et bien évidement, cette donnée n’est pas accessible aux applications.


Contradictions et angoisses… au secours !!! Et la règlementation cosmétique dans tout ça ?


La réglementation cosmétique européenne est la plus stricte, complète et sûre au monde. Pourtant, un grand nombre de ces applications la juge comme insuffisante.Certaines applications vont même à dénigrer un produit au profit d’un autre qu’elles vont proposer instantanément en alternative… ne serait-ce pas là un placement de produit ? Une action/partenariat donc rémunéré ? Elles décident également d’elles même et prennent les devants de se positionner contre un ingrédient controversé sans que ce dernier ne soit avéré dangereux ou non par l’opinion scientifique.


Toujours Perdu… non ? Voici donc ce que dit le cosmétologue.


D’après la réglementation cosmétique :

« les produits cosmétiques mis sur le marché à l’intérieur de la Communauté Européenne ne doivent pas être susceptibles de nuire à la santé humaine lorsqu’ils sont appliqués dans les conditions normales d’utilisation ».

On comprend tout de suite qu’en cosmétique la sécurité prime sur l’efficacité contrairement à un produit pharmaceutique où l’efficacité prend largement le dessus sur la sécurité comme par exemple les anticancéreux, efficaces contre les cellules cancéreuses mais provoquant un tas d’effets indésirables en touchant les cellules/tissus environnants (en pharmaceutique, le bénéfice thérapeutique permet d’accepter le risque).


Les ingrédients cosmétiques contribuent à l’efficacité, la conservation, la texture, la couleur et le parfum des produits. Ils ne sont pas choisis au hasard et chacun d’eux fait l’objet d’une évaluation de la sécurité rigoureuse. La sécurité des produits cosmétiques repose tout d’abord sur celle des ingrédients, mais attention à ne pas confondre, je vous vois venir… Je dis bien TOUT D’ABORD, car un produit cosmétique, soit le produit fini je le rappelle, ne se limite pas à une liste d’ingrédients, il faut prendre en considération le taux de concentration et les interactions de chaque ingrédient dans le contexte de son utilisation dans le produit fini.


La réglementation cosmétique (règlement 1223/2009) européenne comporte une liste d’ingrédients interdits (environ 1400) et une liste d’ingrédients dont la concentration est limitée.


En outre, trois catégories d’ingrédients considérés comme sensibles font l’objet d’une autorisation spécifique d’utilisation : les colorants, les conservateurs et les filtres solaires.


Cette réglementation évolue très régulièrement, cinq à six fois par an, pour tenir compte des progrès de la science. Les décisions sont prises par les autorités sanitaires des Etats membres (en France l’ANSM (Agence Nationale de Sécurité du Médicament et des produits de santé) et la Direction générale de la santé sur proposition de la commission européenne. Elles reposent sur l’avis d’experts européens indépendants provenant des divers Etats membres réunis au sein du SCCS (Scientific Committe on Consumer Safety)). Ainsi tous les produits cosmétiques sur le marché européen sont sûrs.


Que faut-il retenir ?


Ces applications de décryptage des cosmétiques sont nées d’un mouvement de peur, fondé sur une société qui doute de tout, angoissée à l’idée de s’empoisonner et de tomber malade.


Les applications renferment à ce jour des informations erronées, obsolètes, partielles voire inappropriées, ou reposent sur des bases sans fondement scientifique robuste et/ou sur des algorithmes inappropriés. Ces applications se contredisent et entretiennent ainsi une confusion qui porte préjudice à l’information, à la sécurité et à la santé de l’ensemble de la population.


Pour finir, il faut également retenir que la réglementation cosmétique européenne est reconnue pour être la plus rigoureuse au monde et la plus protectrice des consommateurs et est constamment mise à jour selon les avancées de la science.

  • Des mises à jour que les applications ne peuvent pas suivre en temps réel.

Et de ce fait, un produit cosmétique n’est mis sur le marché que si l’évaluation préalable de chacun de ses ingrédients et du produit fini a permis de vérifier que le produit est sûr pour la santé du consommateur dans les conditions normales d’utilisation (évalués en tenant compte de leur concentration, usage prévisible et des risques pour chacune des populations concernées (enfants, personnes fragilisées…).


Mais avant de se questionner sur les cosmétiques qui sont déjà bien encadrés par la réglementation, vous êtes-vous déjà posé la question sur les risques encourus par les produits pharmaceutiques et alimentaires ? Car contrairement à ces derniers, les produits cosmétiques ne sont destinés* à ne pas être ingérés,de ce fait le risque est nettement moindre pour notre organisme.


* Article 2 du règlement CE 1223/2009 : définition d’un produit cosmétique « toute substance ou tout mélange destiné à être mis en contact avec les parties superficielles du corps humain (épiderme, systèmes pileux et capillaire, ongles, lèvres et organes génitaux externes) ou avec les dents et les muqueuses buccales»).


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